Avez-vous déjà eu une boule au ventre ou dans la gorge avant un examen, de l’eczéma, du psoriasis, de l’urticaire presque du jour au lendemain après un gros stress, ou des douleurs inexpliquées ? Si oui, peut-être que le mot somatisation vous parle … ou pas !
Les différentes définitions de la somatisation
Les symptômes physiques inexpliqués ne datent pas seulement d’aujourd’hui. Historiquement, il existe plusieurs définitions de la somatisation que l’on peut distinguer en trois catégories différentes.
La première est introduite au 20e siècles par un élève de Freud, Wilhelm Steckel. Il définit la somatisation comme un processus par lequel les troubles psychiques se manifesteraient via des troubles physiques.
La seconde définition apparait dans les années 80 avec l’identification de la somatisation comme étant un trouble psychiatrique spécifique selon la nomenclature médicale.
La troisième ne se base sur aucun trouble, diagnostic ou théorie particulière.
Elle met plutôt en avant « la tendance à ressentir et communiquer des symptômes somatiques dont ne rend compte aucune pathologie organique, à les attribuer à une maladie physique, et à rechercher en conséquence une aide médicale » (Liposwki, 1988, p. 1359)
Pour cet article, nous retiendrons la première définition qui n’explique ni plus, ni moins que la somatisation est bien la transformation d’une émotion psychique en une douleur (ou sensation) physique. Pour cela, il est important de revenir sur l’explication de ce qu’est une émotion.
Comme expliqué dans un précédent article, une émotion est une réponse à un stimulus extérieur capté par nos sens. Elle peut être considérée comme un réflexe, dans le sens où il s’agit d’une réaction physiologique instantanée. On en compte 4 principales : joie, peur, colère et tristesse.
Les différents niveaux : conscient – subconscient - corps
Il nous arrive à tous de subir du stress, d’être en colère, d’avoir peur … Toutes ces émotions, ces événements ont un impact sur nous.
En premier lieu, et le plus généralement, cela impacte notre conscient. On vit une situation stressante, par exemple un examen, une présentation au travail, une mauvaise nouvelle…
Si nous sommes en capacité de gérer ce stress, que l’on accueille, comprend et laisse passer les émotions qui y sont associées, alors ce stress est conscientisé.
Par exemple, pour cet examen « Je suis vraiment stressée, j’ai peur de devoir parler devant ce jury et de me sentir jugée, j’ai peur de l’échec… ». Ici j’exprime mes émotions.
Il arrive aussi de ne pas avoir conscience que ces événements soient stressants. Les informations du stress sont alors dans notre subconscient, quelque part entre « je le sais » et « je ne m’en rend pas compte »… On ne vit pas pleinement les émotions qui y sont associées.
Pour cet examen « Je suis stressée, je ne sais pas ce que j’ai, je ne sais pas pourquoi… » Ici, j’ai conscience qu’il y a un stress mais je ne comprends pas les émotions qui y sont associées, elles ne s’expriment pas.
Enfin, si nous n’avons pas conscience ou que nous ne nous autorisons pas à vivre les émotions liées au stress, ce dernier peut alors, être de niveau physique. Le corps exprime une émotion à travers des douleurs ou sensations que nous n’arrivons pas à verbaliser, penser ou élaborer (au niveau conscient).
Toujours dans l’exemple de l’examen, cette fois-ci je n’exprime rien, quelques jours avant, je suis déjà très stressée, je n’en parle à personne de peur que l’on se moque… Je commence à avoir des plaques d’eczémas sur les bras.
C’est à ce moment que nous somatisons ! On peut appeler ça le langage du corps.
Le langage du corps
Comme expliqué plus haut, si nous somatisons c’est que nous n’avons pas eu la possibilité ou la capacité d’exprimer nos émotions. C’est au corps de prendre le relais pour nous informer que quelque chose ne va pas.
Mais quoi ? C’est là que l’enquête commence…
En effet, le langage du corps est propre à chacun. Il dépend de l’histoire de la personne, de l’intensité du stress, de sa souffrance émotionnelle.
L’angoisse d’Alice pour son examen important va se traduire par de l’eczéma sur le bras, pour Alexandre ça sera une boule au ventre et pour Peter ça sera des douleurs dans le dos.. Il s’agit certes d’un même évènement, mais il sera vécu différemment pour chacune de ces personnes.
La somatisation peut se traduire par des problèmes de peau (eczéma, psoriasis), des troubles digestifs (douleurs, brulures, ballonnements, diarrhée, constipation), des nausées, des allergies, des troubles respiratoires, des troubles du sommeil, des sensations d’oppression dans la gorge et la poitrine, des douleurs musculaires ou articulaires ou encore des troubles gynécologiques et sexuels.
Généralement, la somatisation est ponctuelle : avant ou suite à un stress précis. Il arrive aussi que cela devienne la « voix » et la « voie » la plus rapide pour le corps d’exprimer un mal-être psychique. Cela peut être aussi suite à un stress prolongé et chronique.
Que faire lorsque nous somatisons ?
Si vous ressentez ces douleurs/sensations et qu’il n’y pas d’explications médicales, peut-être que votre corps essaie de communiquer avec vous.
Tout d’abord, demandez-vous s’il y a eu un événement, quelque chose qui aurait pu vous stresser, vous énerver, vous rendre triste… Une émotion que vous n’auriez pas pu verbaliser correctement.
Petite astuce : s’il y a des choses dans votre journée qui « vous prennent la tête », que vous en « avez plein le dos », que vous avez « du mal à digérer ce qu’il a dit », que vous avez « besoin de prendre l’air », que vous avez « du mal à lâcher prise »…. Écoutez ce que vous dites, c’est un bon indice !
Ensuite, si vous avez trouvé ce qui pourrait être la cause de ces maux, vous pouvez soit être en capacité de gérer cela seul ou alors vous pouvez demander de l’aide.
S’il s’agit d’un stress ponctuel, que ce mal de ventre avant l’examen ne vous fait pas complétement perdre vos moyens à chaque fois, c’est désagréable mais humain aussi. Quelques exercices de relaxation, de respirations peuvent suffire. Cependant, si cela devient invalidant, que cela vous empêche d’avancer, que c’est à répétition, faites-vous aider par un professionnel.
En kinésiologie, on accompagne les personnes à identifier la source du stress, à la comprendre et à libérer les émotions qui y sont associées…